Christine et Xavier, dans le Vaucluse
Nous sommes un couple, la cinquantaine passée, qui roulons
en dilettante sur des trikes Performer depuis déjà quelques années.
X Mesh alu
20X26 pour Madame et X Mesh alu 20X26
suspendu en ce qui me concerne. A la suite d'une rencontre avec Jean Jacques dans
les Baronnies, l'idée d'équiper les trikes s'est concrétisée. La proposition
faite pour deux kits 36V en 17A de Moteuretvélo ne pouvait
m'échapper !
Ce genre d'adaptation sur un trike est toujours un petit
challenge technique, mais nous allons voir en quatre étapes et avec un peu de
méthode, que ça se fait en un petit week-end.
Jean Jacques me fourni différents capteurs pour faire des
essais de montage avant ma commande car les Performer sont équipés de pédaliers
Hollowtech et le plateau à aimants fourni dans les kits n'est pas prévu pour.
Je récupère les kits chez Jean Jacques qui me fourni
également quelques accessoires puis l'aventure commence.
Première étape :
Il me faut faire deux adaptions
des plateaux à aimants car les pédales sont différentes : pédaliers
Hollowtech Gossamer (idem Shimano) et SRAM elita GPX. J'usine le plateau à
aimants pour l'adapter au profil de la manivelle. Il faut d'abords percer le
plateau avec une scie cloche. L'opération consiste à le brider avec des vis à
bois sur une planchette puis de percer bien au centre à l'aide d'une perceuse à
colonne. Ensuite, à l'aide d'un fer à souder, le plastique est ramolli et
repoussé pour le préformer. La finition est réalisée à la râpe à bois et à la
lime. Le montage est légèrement serré sur la tête de la manivelle et assuré par
un collage au pistolet thermique à colle. Cette colle est très adhésive, se
travaille un peu comme avec un pistolet à silicone et elle permet
ensuite de
décoller le plateau sans abîmer la peinture.
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Des deux capteurs fournis par Jean Jacques, je choisi celui
pour la manivelle gauche avec le plateau à aimants pas prévu pour. Donc je
réalise une patte de fixation en tôle similaire à celle du kit mais plus haute
pour faire correspondre la piste des aimants avec le nez du capteur. Dans ce
montage il faut inverser les aimants car j'ai pris le profil plat du plateau
coté interne à la manivelle. Il suffit de les extraire en poussant hors de leur
logement (emmanchement serré).

Deuxième étape :
le montage du rack batterie doit être le plus bas possible
car les trikes sont sensibles au centre de gravité. Initialement, j'ai réalisé
une adaptation horizontale du rack le long de la fourche arrière près de la
roue, mais ce montage fait travailler la glissière plastique verticalement, ce
qui n'est pas top en terme de mécanique (les racks sont prévus pour un montage
à plat sur porte bagage). J'ai donc installé les racks derrière le dossier du
siège mesh. Sur le cadre rigide, je réalise un châssis mécano-soudé brassé en
tube de 15X25 qui se monte en reprenant les attaches existantes

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L'adaptation sur le cadre suspendu passe par une platine en
polycarbonate fixée sur des équerres montées sur les fixations d'origine. Ce
montage positionne le rack plus haut à cause de l'amortisseur mais je n'ai
guère le choix, l'essentiel c'est qu'on puisse extraire et installer la
batterie de façon sûre et pratique.
A la commande, j'avais demandé à Jean Jacques une bonne
longueur de câbles, je me suis retrouvé avec pas mal de surplus mais les sièges
mech permettent de cacher dans la toile l’excédent de câblerie, cela permet
également de retirer du support et de travailler sur le contrôleur sans se
prendre la tête avec les connexions, j'ai juste un peu sous estimé la longueur
du câble du capteur de pédalage. Finalement je recommande de procéder ainsi.
J'apporte une petite amélioration dans le positionnement du
contrôleur dans le boîtier en soignant l'agencement des connectiques et calant
le tout avec une mousse. Malgré une bonne torture dans les monts d'Ardèche, les
contrôleurs n'ont pas chauffé.
Troisième étape :
il s'agit de monter les commandes, console, accélérateur et
leviers de freins à capteurs. Cette opération nécessite le démontage complet des
manettes d'origines, l'occasion de réviser complètement les machines,
graissage, changement de câbles freins et dérailleurs, etc.
Rien de bien difficile, si ce n'est le cheminement des
câbles qui doit composer avec la direction. Ils sont attachés avec un minimum
de colliers et courent sous les tubes de sièges. La manette d'accélérateur est
monté à droite et se commande avec le plat de la main sans lâcher le guidon, à
l'usage c'est très pratique ainsi.
Le montage est évidemment identique pour les deux machines,
les leviers du kits, plus longs que ceux d'origine offrent un bon toucher, ce
qui est essentiel sur un trike (freins séparés, on module freinage droite /
gauche dans les courbes en descente rapide).

Quatrième étape :
la dernière étape consiste au montage de la roue moteur.
Rien de particulier, l'entre axe des fourches permet le montage sans
difficulté. Cependant, nos premiers essais, pour satisfaisants qu'ils fussent,
ne permettaient pas d'exploiter pleinement les machines à cause de la cassette
7 vitesses d'origine.
Il est assez délicat de synchroniser le système Dura Ace 9
vitesses et l'étagement n'est pas adapté au trike, notamment le pignon de 34
dents manque cruellement. Notre but n'étant pas de tirer continuellement sur
l'assistance électrique, j'ai donc monté des cassettes à visser 9 vitesses de
VTT. L'adaptation ne nécessite pas de modification, si ce n'est de positionner
différemment les rondelles sur l'axe. Depuis cela fonctionne parfaitement. Je
conseille de mettre un poil de graisse silicone sur la connexion du câble
moteur pour pouvoir la débrancher sans forcer.

Conclusion sur le montage des kits :
je recommande tout d'abord d'utiliser des outils
parfaitement adaptés, notamment pour démonter les pédaliers, il est parfois
nécessaire de chauffer les cages de roulement pour pouvoir les dévisser. Ces
paliers sont assez fragiles, j'en ai abîmé un malgré l'outil Shimano.
Je tiens à remercier Jean Jacques de son professionnalisme
et de sa réactivité pour l'envoi de petites pièces indispensables et qui vous
manquent forcement au moment où vous en avez le plus besoin. La qualité des
kits est très satisfaisante.
Je pense que Moteuretvélo va certainement bientôt nous
proposer des capteurs pour les pédaliers actuels à axe creux.
Pas de difficulté particulière si on est un petit peu
bricoleur. Le trike est un vélo lourd, il faut composer constamment avec un bon rapport de pédalage, notamment en
montagne. La cassette livrée est plutôt adaptée aux vélos droits. Sans être
franchement gênant, ce paramètre est essentiel pour économiser votre batterie
en rando en milieu vallonné. Il est toutefois facile d'y remédier, même si les
cassettes 8 ou 9 vitesses à visser ne sont pas courantes.
Essai en condition « montagne» :
le terme « montagne » est un peu présomptueux,
mais nous avons réalisé un petit week-end en haute Ardèche du coté du mont
Mézenc.
Le trajet de référence est celui que nous avons pris pour le
ravitaillement depuis notre camp de base sur lequel on a pu faire quelques
comparatifs avec les différents modes d'assistance (plus, évidemment, une
boucle de balade sur un brin de « l'ardèchoise »).
Nous avons parcouru ce court trajet de 25 kms avec un
dénivelé de 510 m (un col de 1200 m) et d'une heure trois jours durant dans des
conditions hivernales, entre 0 et 7°C max, verglas sur le versant nord du col,
brouillard. L'effort fourni était soutenu et l'assistance au premier niveau,
les batteries ont perdu ¼ de leur capacité (1 voyant sur 4 éteint à la console)
. Le niveau 2 sensiblement plus énergique mais demandant également plus
d'effort dans les cotes (on s'accorde au régime du moteur et on gagne 5 à 10
km/h) n'a pas consommé plus. Le niveau 3 est plus intéressant sur le plat pour
gagner de l'assistance au delà de 25 km/h.

test dur :

il s'agit d'un trajet de 30 km réalisé seul avec le trike
suspendu « à fond », c'est à dire que j'ai exploité ce que le
bonhomme pouvait donner en watts sans se faire trop peur dans les descentes
(10 % mini dans ce coin) ! La pluie menaçant sur le retour, j'ai mis
l'assistance à « 3 ». En fait c'est le moteur qui a souffert sur ce
coup là, 23 km/h de moyenne ! Malgré le froid ambiant, j'ai mouillé le
maillot et le moteur s'est mis en sécurité dans le dernier raidillon très raide
300 m avant le gîte (et là, merci le pignon de 34, c'est vachement lourd un
trike!). La batterie a perdu 2 voyants sur 4 puis après repos, 3 voyants sur 4
allumés. Le lendemain le kit était rechargé et
a encore fait une bonne virée !
Conclusion sur l'usage des kits :
nous sommes très satisfaits de cette adaptation, la tenue
des différentes connexions est sûre, les batteries sont performantes et le
système électronique contrôle tout ça parfaitement. Une période d'adaptation
est cependant nécessaire pour bien tirer partie de l'assistance car l'usage
d'un trike nécessite de toujours être sur le bon rapport et de s'arrêter
toujours sur le bon rapport pour pouvoir repartir. On apprécie l'énorme couple
délivré au démarrage du moteur. A l'usage, sur le plat ou trajet peu vallonné,
il vaut mieux compter sur une très honorable moyenne de croisière, intenable
sans assistance, que sur les vitesses de pointe que l'on n'atteint plus à cause
du poids supplémentaire et de la cassette d'origine.
En remontant la roue d'origine, on peut toujours faire du
sport, le support de batterie ne pèse pas bien lourd !